Les obsessions mentales ou ruminations

La dernière catégorie des TOCs dont nous allons parler ici concerne les obsessions mentales (en anglais pure-O ou pure obsessions.) Je ne saurais vous conseiller un article très complet (en anglais seulement) d'un confrère américain Steve Phillipson, PhD, Thinking the Unthinkable. Vous trouverez également ici un article remarquable de mon confrère François Nef, PhD, Le TOC une certaine manières d'interpréter ses pensées obsédantes.

J'ai pu observer chez les personnes souffrant de cette forme de TOC des traits communs: créativité et imagination. La créativité qui nous fait poser beaucoup de questions: "Et si..." si caractéristique des gens souffrant du TOC, la maladie du doute ou des possibles! A ce sujet ci-joint un article d'un psychologue Canadien qui illustre mes propos. L'imagination est notre capacité à imaginer des choses si profondément qu'elles nous apparaissent comme réelles. Ces traits vous sont probablement fort utiles dans bien des domaines. Malheureusement, chaque médaille a un revers et le "Et si..." de la créativité attise le feu du TOC, car il va se centrer sur tout ce qui est important pour vous, que ce soit la maladie, la mort de vos proches, la Religion... Mais avoir ce genre de pensées n'est pas tant le problème. La pensée de jeter son enfant par la fenêtre est "normale" ou légitime,  on la retrouve chez la plupart des individus. En revanche, la fréquence de ces pensées est plus grande chez les personnes ayant une vulnérabilité au TOC. Par ailleurs, c'est ce que vous faites (malgré vous) de ces pensées qui devient problématique. Pour une personne qui ne souffre pas d'un trouble obsessionnel compulsif, lorsqu'une de ces terribles pensée  du genre  "et si j'allais jeter mon bébé par la fenêtre..." apparaît, celle-ci est bien vite mise de côté, la personne n'y pense plus. Pour une personne souffrant d'un TOC, la pensée sera comme "scotchée" dans son esprit, disséquée, analysée... "Et si c'était vrai, et si j'allais tuer mon fils, je ne veux pas penser cela, Oh mon Dieu, qu'est-ce que cela signifie...si je le pense c'est qu'il y a un fond de vrai?????".


C'est là que démarre le cycle sans fin et infernal du TOC qui va pousser la personne qui en souffre à trouver une réponse définitive à ces questionnements. Plus la personne cherche, moins elle trouve. Mais rappelez-vous aucune logique ou argumentation rationnelle ne peut donner raison à votre TOC. Le but du traitement ne sera donc pas d'éliminer ces pensées qui existent chez la plupart des individus, mais d'apprendre à les reconnaître, à mieux les gérer sans anxiété. Cliquer ici pour les options de traitement.


On peut retrouver les thématiques obsessionnelles suivantes. N'oubliez chaque manifestation du TOC est unique, et les personnes souffrant de TOC, la maladie du doute, vont douter qu'elles en souffrent. Il est possible que votre "TOC" ne corresponde pas tout-à-fait aux catégories évoquées ci-dessous:


A. les obsessions ayant trait à la violence
"Et si j'allais tuer ma femme? Et si j'allais jeter mon bébé par la fenêtre? Mais je ne veux pas faire cela!!! Pourquoi ai-je ce genre de pensées? Est-ce que secrètement je suis un criminel ou vais-je le devenir?"


B. les obsessions ayant trait à la sexualité/cliquer ici!
"Et si je trouve cet enfant beau, est-ce que je suis un/une pédophile? (peur d'être pédophile)
Est-ce que je suis gay ou lesbienne ou vais le devenir (pour les hétérosexuels) ou est-ce que je suis hétérosexuel (pour les homosexuels)? (peur d'être homosexuel ou de ne plus l'être)
Est-ce que je suis zoophile? (peur d'aimer les animaux)
Est-ce que je suis réellement amoureux de ma compagne/mon compagnon?" (peur de ne plus aimer).


C. les obsessions religieuses
Elles ont trait aux domaines suivants: 
-pensées ou images blasphématoires (relations sexuelles avec Marie, Jésus...)
-pensées ou désires "immoraux" (pensées sexuelles dans l'église, doutes par rapport à la doctrine...)
-préoccupations à propos du suivi des rites religieux (prières, confessions...)
-péchés (mensonge, trahisons...)¨
-préoccupation par rapport à des actions passées (masturbation, avortement, mensonges...)


D. les obsessions neutres
Images récurrentes de n'importe quelle chose que vous ayez pu voir, lire (gens, des voitures...), pensées de certains mots, phrases, musique, sensations physiques, comme le coeur qui bat, des douleurs. 

E. les obsessions à propos des obsessions
L'obsession sur les obsessions apparaît lorsque la forme ou le thème de votre obsession devient moins important que le fait que vous soyez obsessionnel. Certains patients ont des pensées obsessionnelles à propos du fait qu'elle sont obsessionnelles.


F. les obsessions à propos de la maladie
Peur de devenir fou ou d'avoir une maladie grave (cancer, SIDA...)

G. les obsessions à propos de l'image corporelle
Peur des imperfections chez soi et chez autrui. Refus de quitter la maison avec des vêtements, un maquillage, des ongles qui ne sont pas parfaits. Évitements de certains endroits. Cliquer ici pour plus d'informations!

Il est difficile de savoir la proportion exacte des personnes souffrant de TOC et présentant ce type de pensées (catégories A, B et C). On peut imaginer aisément que beaucoup ne consulteront jamais justement à cause de ce type de pensées "taboues". Pour Rasmussen et Eisen (1998), les obsessions les plus fréquentes sont la contamination (50% des patients), le doute (42%), la maladie (33%), la symétrie (32%), et les impulsions agressives sont de 31 % et sexuelles 24 %. Il est courant quand on reçoit un patient, qu’il évoque des TOC de lavages, de symétrie, qu’il ait peur de contracter le virus du Sida ou d’oublier sa porte, et apprendre après la 10 ème séance qu’il a aussi des pensées sur la pédophilie ou la peur de tuer malgré lui.