Chez l'enfant

Source: texte adapté de: "le trouble obsessionnel compulsif chez l'enfant" - Frederic Kochman, www.psy.be, 06/07/07


Tous les enfants, ce dès le plus jeune âge, présentent des tendances aux rituels, aux petites manies : ces traits sont d'ailleurs tout à fait utiles et nécessaires au développement psychique, intellectuel et affectif.
Ainsi, il est normal qu'un jeune enfant présente des petits rituels du coucher; désirant que maman lui lise systématiquement le même histoire, puis souhaitant un bisou de telle façon, etc. Ces petits rituels, qui disparaissent spontanément ou se modifient en quelques semaines, présentent une fonction rassurante, dite "anxiolytique". La plupart des adultes présentent également ces rituels, reliquats de ces traits de l'enfance : nous dormons du même côté du lit depuis des années, gardons la même place à table, "possédons" notre coin du canapé devant la télé, etc.

Parfois, ces rituels vont se compliquer de la façon suivante chez l'enfant : 
- Ils sont précédés d'obsessions (idées intrusives survenant de manière répétitive, incontrôlable, envahissant peu à peu notre système de pensée)
- Ces rituels ou compulsions (petites "manies", gestes ou actions répétitives que l'enfant se sent obligé d'accomplir : comme toucher un objet plusieurs fois d'une façon précice et ritualisée, compter dans sa tête, petites gestes particulier qui s'apparentent à des tics, vérifier plusieurs fois, etc.) envahissent peu à peu la vie de l'enfant ou de l'adolescent jusqu'à entraver sérieusement sa vie quotidienne sur le familial, relationnel, scolaire.
Le tableau ci-dessous regroupe des questions que l'on peut poser à un enfant lorsque l'on soupçonne un TOC:


"As-tu l'impression de..."


Vie quotidienne
 -
Devoir faire devoir faire des choses même si tu n'as pas vraiment besoin de les faire ?
 - D'avoir des pensées, des images qui reviennent sans cesse dans ta tête ?
 - Devoir compter plusieurs fois ou réciter des chiffres dans ta tête ?
 - Prendre beaucoup ou trop de soins pour garder tes mains (ou d'autres parties de ton corps) propres ?
 - De devoir t'habiller ou te déshabiller dans un certain ordre ?
 - De devoir vérifier plusieurs fois la même chose ? (ton cartable, ton réveil, tes devoirs...)
Vie Scolaire
 - Passer beaucoup de temps à vérifier tes devoirs ?
 - Devoir refaire tes copies pour être sûr(e) qu'elles soient parfaites ?
 - D'avoir des difficultés à toucher certaines choses ?
 - D'avoir des difficultés à toucher quelqu'un ou être touché par les autres ?
 - D'avoir du mal à terminer les leçons, les devoirs à cause des choses qu'il faut faire et refaire ?
 - D'être souvent en retard à l'école à cause de tout ça ?

Le diagnostic de TOCs peut être suspecté par les parents (et doit bien sûr être confirmé par un psychologue clinicien et/ou psychiatre) si les obsessions et compulsions existent depuis de nombreuses semaines, sont à l'origine d'un stress important, d'une souffrance, et interfèrent clairement avec la vie du jeune sujet.

 Obsessions et compulsions normales (non pathologiques)
  •  Surviennent de façon limitée et au cours d'une période précise de la journée (par exemple, petits rituels du coucher)
  •  N'envahissent pas la vie du patient
  •  N'entraînent aucune altération du fonctionnement familial, social, scolaire
  •  Ne sont accompagnées d'aucun autre symptôme
  •  Aucun signe de souffrance psychique n'est perceptible

La fréquence du TOC chez les enfants et adolescents 
Le TOC toucherait au moins 2% de la population dès l'enfance ou l'adolescence, ce qui représente plusieurs centaines de milliers de jeunes en France !
Les éléments suivant peuvent en partie expliquer le fossé existant entre le nombre de jeunes victimes de cette maladie et la rareté de sa prise en charge.

Banalisation par l'entourage
Le jeune présentant ces TOCs depuis longtemps ne se rend pas compte qu'il s'agit d'une maladie, et qu'il peut en guérir. Peur d'être "pris pour un fou", que l'on se moque : d'où le fait que de nombreux jeunes cachent leurs TOCs.
Pourtant, cette maladie engendre une souffrance parfois extrême et peut se compliquer d'un épuisement psychique avec dépression, d'idées suicidaires, d'échec scolaire, de crises familiales avec risque de rejet.

Dans sa forme juvénile, le TOC est encore plus grave en raison de son interférence avec le développement psychique et cognitif du jeune. De manière logique, le manque de maîtrise de soi, l'intolérance aux frustrations, l'impulsivité, les réactions agressives sont habituels chez l'adolescent et à fortiori chez l'enfant du fait de l'immaturité de leurs instances psychiques. Donc, il n'est point étonnant que la symptomatologie du TOC juvénile soit plus " émotionnelle " que cognitive, donc une colère plus visible chez les patients les plus jeunes. Dans cette classe d'âge, il est caractéristique d'observer l'émergence de la colère lorsque les rituels sont perturbés voire empêchés par un proche. Parfois, l'enfant demande l'aide d'un parent pour l'accomplissement d'un rituel : un refus se traduit alors souvent par une crise, révélant la montée d'angoisse devenant intolérable pour l'enfant ou l'adolescent.